Critique : Musée national d’art de Catalogne

Effectuez un zoom arrière. À quoi sert cet endroit ?
Peu de musées ont l'approche dramatique du MNAC de Barcelone. Situé au sommet de la colline de Montjüic, l'accès se fait par un escalier si épique que des escaliers mécaniques extérieurs ont été installés. Ensuite, il y a la (plutôt belle) matière des cascades qui coulent à côté de vous au fur et à mesure de votre montée. Plus les buissons, coupés en cubes à la perfection topiaire. Nous l'appellerons : le MNAC se trouve dans le palais national de la ville et Walt Disney lui-même n'aurait pas pu créer quelque chose de plus beau. Si bien, en fait, que la plupart des gens se concentrent sur l’extérieur, en retirent la vie, puis s’en vont. Erreur. Le meilleur est à l’intérieur.

Vous les reconnaîtrez à leur collection permanente : Comment c'était ?
Il ne s'agit pas d'une situation où il faut « aller aux toilettes et faire un tour rapide ». Il comprend quatre zones : roman médiéval, gothique médiéval et Renaissance, ainsi que deux salles d'art moderne. Cela semble gérable, non ? Mais chaque genre est comme un labyrinthe, chaque tour vous transportant vers une nouvelle ambiance, un nouvel artiste ou un nouveau médium. Une minute, vous admirerez un morceau de mosaïque de Gaudí provenant du parc Güell, la suivante, vous serez choqué par les affiches de propagande de la guerre civile espagnole et la suivante, vous vérifierez le nom de Pablo Picasso. Mais une mention spéciale revient aux fresques romanes (rez-de-chaussée, première gauche), qui ont été « extraites » des églises du patrimoine mondial et réinstallées ici. Comment? En utilisant une technique spéciale appelée Strappo – qui (version extrême pour les profanes) consiste à appliquer un agent isolant sur les peintures originales, puis à décoller le pigment, à la manière d'un faux tatouage, pour créer une nouvelle toile. C'est la façon dont le MNAC les a exposés – à l'intérieur d'immenses dômes – qui est particulièrement fascinante. Même si vous n'êtes pas fan des fresques.

Mais aussi par leurs nouvelles chaussures. Comment se sont déroulées les expositions ?
Oui, il y a toujours plus à voir et les expositions itinérantes peuvent ou non relever de la compétence de l'art catalan. Le designer textile anglais William Morris (célèbre pour ses fleurs) sera présent en 2018, tout comme une exposition sur Gala Dalí, épouse et muse de Salvador Dalí.

Côté pratique, comment étaient les installations ?
Parfois, la navigation est un peu déroutante, en partie parce que le bâtiment lui-même est si beau qu'un vitrail insensé surgit de nulle part et vous fait prendre une tangente.

Le café vaut-il le détour ou faut-il simplement envisager d'aller ailleurs ?
Il y en a deux. Un café self-service discret dans la salle Ovale (un atrium stupéfiant), sympa mais banal – cadre, à part. L'autre est à l'opposé : le restaurant Òleum, au premier étage, avec des menus conçus par la double chef étoilée Fina Puigdevall et une vue imprenable sur la ville (menus à partir de 28,80 € pour un déjeuner en milieu de semaine).

Un conseil pour les personnes en manque de temps ou d'attention ?
Honnêtement, vous auriez du mal. Pour ceux qui manquent vraiment de temps : admirez les fresques romanes, visitez rapidement l'art moderne à l'étage (en vous attardant selon vos goûts : il y a de tout, du mobilier à la photographie), puis terminez par un cava au point de vue sur le toit, ouvert de mai à octobre.